Bonsoir,
A 22 ans et après un parcours personnel très compliqué, sur tout les niveaux, familial, bien entendu social, sentimental, scolaire, etc ... Je commence à être heureuse. Évidemment cela m'angoisse et je suis en pleine acclimatation, mais cela est un autre problème dont je ne souhaite pas me plaindre pour des raisons évidentes.
J'ai obtenu mon bac' avec le CNED, et j'ai été diagnostiqué aspie pendant ma première année de licence. Cela m'a soulagé, parce que l'on m'avait jusque là traiter de folle toute ma vie, et j'avais peur que cela s'avère vrai. J'ai essayé de compenser mes difficultés sociales en remplissant mon CV d'expériences intéressantes. Bénévolat, Service Civique, divers stages, et je suis même exposé depuis plusieurs mois (en Histoire, non en Art). Comme j'ai eu de gros problèmes en plus d'être aspie, j'ai toujours essayer de me forcer à voir beaucoup de choses, pour ne pas m'enfermer, mais aussi pour m'adapter aux plus de situations sociales différentes possibles. Bien entendu en agissant ainsi, en voulant aller trop vite, j'ai multiplié mes angoisses et j'ai flingué mon système immunitaire, donc aujourd'hui je commence à prendre mon temps.
Il est vrai que j'ai obtenu ma licence d'Histoire car j'ai réussi à ne jamais aller en TD, que je ne supporte pas, en prenant la plupart des cours à distance. Aussi, j'ai finis mon Service Civique en burn out, et nombre de mes collègues ne m'appréciaient guère (même si j'ai eu la chance d'être soutenu par la direction), de même j'ai rencontré de gros problèmes avec les collègues lors de mes jobs d'été. En stages, j'ai également rarement été apprécié, non seulement je suis bizarre mais en plus les tuteurs ont toujours adorés mon travail et mes initiatives ... Bref. La direction ça va, les collègues beaucoup moins.
Je suis extrêmement perfectionniste, mais à l'inverse, je n'arrive pas à bouger d'un iota pour quelque chose auquel je ne crois pas, alors je me force, et je déprime, et je m'en rends littéralement très malade, du coup ça doit s'arrêter ...
Je m'inquiète de mon orientation depuis le collège. Vraiment. J'y pense absolument tout les jours depuis bien 10 ans. Je connais presque tout les masters de sciences humaines de France, et même d'autres filières, ainsi que leurs insertions professionnelles puisque j'ai épluché les enquêtes. Le problème est toujours le même : pas mal de choses m'intéressent en théorie, mais en pratique, je me sens très rapidement oppressé, réduite à des tâches exécutives, ce qui me rend très triste. Pire encore, et vous l'aurez deviné : les collègues !
Certains de mes proches ne prennent plus tellement au sérieux mes changements d'avis sur mon orientation tant ils varient ... De crainte de ne jamais pouvoir travailler. Cependant, j'insiste sur le fait que j'ai la chance d'avoir réussi à trouver de vrais amis, et quand j'aurais choisi une voie, ils arrêteront leurs remarques, qui ne me vexent d'ailleurs uniquement que parce que je suis ex.trê.me.ment. susceptible à ce sujet.
Cette année, j'ai voulu essayer de préparer le concours de professeur des écoles, dans l'idée d'ensuite passer le CAPA-SH et devenir instit' spécialisée; un milieu qui semble me convenir. Cependant, du fait que je n'arrive même pas à tenir les stages, sans parler de l'idéologie bidon à l'ESPE type propagande, et de ma claustrophobie mentale, il est hors de question que je bosse là dedans. En plus j'ai découvert qu'il ne fallait pas 2 ans, mais au moins 6 ans, selon les académies, pour être spécialisé ... Enfin bref.
Je ne regrette pas cette année, même si j'ai graaaaaaave déprimé, et que je galère encore aujourd'hui à manger convenablement (ok et que je pleure pas mal), car j'ai essayé. De plus, cela me permet de prendre du recul sur mon parcours, et bonus des bonus ... J'ai rencontré l'Amour (ce qui m'a évité de faire une dépression le semestre dernier, oui, tout à fait). Je reste inscrite en Master 1, mais grâce à mes certificats médicaux, je ne suis plus forcé que d'aller aux examens et au stage du second semestre pour conserver ma bourse. Dans l'idéal j'aimerais valider cette année, mais il est vrai que je ne fais rien pour ... Quand ça ne m'intéresse pas / plus, me forcer me met dans tout mes états ... Me donne l'impression de rater ma vie ...
Les étudiants de ma promo sont assez horribles. Assez parce que, tout de même, bien que l'ambiance générale soit atroce, il y a un certain nombre de personnes bien intentionnés. Vraiment. Cela me touche d'ailleurs beaucoup.
Par contre à chaque fois que je me force à aller en cours, ou que j'interviens sur le groupe Facebook, on se moque de moi. Je parle trop, j'en sais trop, je parle trop bien français (ce n'est pas de la prétention, mais de vraies critiques ... venant de futurs profs ... !), etc.
Même si je suis introvertie, j'ai pris l'habitude de beaucoup parler, un extrême pour en éviter un autre, même si je commence à apprendre les nuances pour économiser de l'énergie. Il me semble pourtant ne parler que quand cela est nécessair, ... mais apparemment les Autres n'aiment pas être repris. Pourtant, ayant appris pas mal de codes sociaux, je fais attention aux formules même si je suis toujours très directe, je souris souvent, etc.
Cela, plus le reste des tourments qui me sont arrivés auparavant, me font, à nouveau, sincèrement me questionner sur mes possibilités d'avenir professionnel ! J'en reviens au titre de mon sujet, est-ce possible d'être épanouie professionnellement dans notre société en étant aspie ?!
Je m'oriente désormais vers un Master 1 recherche en histoire médiévale, dans le but de continuer vers un Master 2 pro' Métiers des archives. Cela me permettrait à la fois d'être dans mon élément en M1, et d'apprendre un métier en théorie convenable en M2. Il est vrai qu'en archives "on" est très autonomes, la pression des collègues est très faible comparé aux autres secteurs. De plus, si l'on trouve un poste intéressant, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas, "on" peut apprendre tous les jours. Bref, j'ai envie d'y croire.
Cependant toutes mes expériences professionnelles + mes problèmes de sociabilité en général me font énormément douter de ma capacité à travailler un jour ....
Alors j'ai décidé de franchir le cap et de commencer à parler de mes soucis à des gens qui rencontrent les mêmes difficultés quotidiennes que moi. J'espère que vous ne m'en voudrez pas d'avoir écrit un tel pavé, il est vrai que je suis très angoissée. Si je le peux, je vous rendrais le service que vous m'avez rendu en lisant mon post et en y répondant.